"L’Homme post-moderne est-il trop libre pour choisir ???"
- Non. Nous avons juste du mal à voir nos limites, même si, comme à nos ancêtres, elles n'ont jamais arrêté de nous marteler le coeur.
- Non. Nous avons juste du mal à voir nos limites, même si, comme à nos ancêtres, elles n'ont jamais arrêté de nous marteler le coeur.
Tous les jours, il se trouve des personnes pour alpaguer un/une écrivain afin de lui faire la leçon par rapport à ce qu'il écrit. (Exemples ONE & TWO). Dans le meilleur (sic) des cas, il s'agit de reproches quant au contenu de sa prose. Dans le pire des cas se produit un amalgame entre la personne qui écrit et ses personnages. On pense que, si j'écris des histoires de destruction et de cadavres exquis, je suis nécrophile. Forcément, c'est un peu énervant.
1. - L'imbécile regarde le doigt. -
On écrit des HISTOIRES. Oui, elles ont à voir avec notre vie. Il faut bien qu'on s'inspire. Mais, va comprendre, derrière, on reste anonyme. On met pas notre adresse et notre numéro de téléphone, du genre "Appelle-moi." Qu'est-ce qu'on attend de l'écriture? Oui, on veut être lu. Être apprécié. Être jugé. Mais on cherche à toucher quelque chose au-delà, qc qui s'appelle la condition humaine, petite ou grande. Ce que la fiction touche et que la réalité ne fait jamais que rappeler.
On écrit pour se dépasser, et vous nous ramenez toujours à nous-même? Dégagez, peignes-culs, jocrisses et autres butors! Le pire, c'est qu'en plus, vous attendriez notre gentillesse, notre prévenance! Des caresses pour des coups de pied! Toujours offusqués quand on répond à vos insultes, pardon, critiques personnelles! Eh quoi? Le mec qui vous répond personnellement n'est plus un texte abstrait laissé à votre libre appréciation et à vos humeurs, c'est votre droit, mais bien de la chair et bien du sang. Et lui, il a le droit de ne pas vous aimer, et lui ne s'achète pas.
Encore une fois: un texte est une entité indépendante, que le lecteur peut se réapproprier comme bon lui semble, aimer, ne pas aimer, réécrire, transmettre, que sais-je? L'être humain qui l'a écrit ne saurait être traité à la même enseigne. On ne le critique pas de la même manière, on ne lui parle pas de la même manière, on ne se l'approprie pas, on ne le possède pas, on ne le transmet pas. A bon entendeur.
Commentaire rajouté à la suite de réclamations quant à l'incompréhensible du texte sus-placé:
Ce que j'essayais juste de dire qu'écrire, c'est essayer, quelque part, de se dépasser soi-même. Produire un texte, c'est donner naissance à un enfant indépendant qui vivra dans un autre monde, celui des mots, constamment réécrit par l'imagination, l'interprétation des lecteurs.
L'obsession qu'ont certains de toujours chercher l'auteur derrière un texte, et de tout ramener à lui, fait un peu "mourir" cette dimension. En fusionnant avec son auteur, le texte perd de sa magie indépendante et devient le simple prolongement d'une discussion, une grosse ligne de clavardage sur un site de rencontres (j'exagère).
/Et quand en plus on ne cherche pas l'auteur pour lui offrir des chocolats.. pas cool/ Donc voilà, j'essayais juste d'exprimer cette dichotomie indispensable introduite par le mot FICTION. Rien de plus frustrant que de la voir piétinée par de dégoulinants Dipsodes. En tant qu'écrivain, je ne suis pas mes textes, et tant mieux (=> A 100% derrière l'autrice de la chronique ONE)
(J'espère que c'est un peu plus clair; désolé, c'était 4h du mat')
2. Le masque
Le rôle d'"écrivain" n'est qu'un masque derrière lequel se cache une personne réelle. On se cache pour, peut-être, dévoiler ce qui d'habitude est dans l'obscurité. Offrir du monde le négatif, mettre en lumière ce qui normalement est obscur, et vice-et-versa. . Quelqu'un qui porte un masque ne nous donne qu'une envie: l'enlever. S'il se cache cependant, c'est pour mieux nous montrer quelque chose.
Bien sûr, on a toujours aimé jouer sur l'amalgame écrivain/personne derrière. On joue au chat et à la souris. Cependant, les blogs ont radicalement changé la donne. Avec les possibilités de réagir en direct, et de faire voir ses commentaires par tout le monde, ainsi que les réponses donnés par l'auteur, celui-ci se confond d'autant plus avec l'écrivain. En plus, blog, quelque part, ça doit pouvoir dire "journal intime".
Et c'est peut-être là qu'est la plus grande confusion: Peut-on encore, sur des blogs, faire de la fiction qui a l'apparence de la réalité? C'est tout de suite pris pour du vrai. Il faut dire que ça fait partie du jeu: tout le monde ment.... Alors, le blog, la mort du roman réaliste?? :_)
D'autres croient encore à l'instinct.
D'autres se comparent, inlassablement.
D'autres travaillent, travaillent, travaillent.
Une boule joue au Yo-yo au fond de la gorge, les nerfs se déploient sur
toute la surface de l'épiderme, Les yeux se fixent, les yeux se
sèchent, et tout revient à la mémoire. Il n'y a plus de plaisir. Plus
de spontanéité. Plus de découverte. Tout n'est plus que performance.
Une course au bonheur. Quelques instants de souplesse dans un monde de
rigidité, voilà notre souhait.
Une course au bonheur pour arriver où? Nos
amis n'en deviennent que des machines à faucher nos espoirs, des
moissonneuses-batteuses aux lames aiguisées à la pierre du conseil. Et
puis, les individus passent, par grappes le long des vignes autoroutes de la Neue Gesellschaft, juchés
sur leurs voitures, tout prêts à nous écraser. Et on nous forme. On
nous déforme. On nous apprend tellement, tellement. A mieux sentir, à
mieux réfléchir. Toujours plus, toujours plus loin, à
la recherche d'un idéal qui ne nous satisfera jamais. Pas de plaisir, que des désirs. La poursuite de quelques gouttes d'imaginations dans
un océan de larmes refoulées qui forment un joli lac de barrage construit pour
mieux produire l'électricité à laquelle on chauffe nos vies. Le
travail. L'intégration. L'amélioration de notre propre condition. Tout
notre être tend vers un idéal de bonheur. Tout notre être se tend.
Tendu. Y'a-t-il encore du bonheur, ou n'y-a-t-il plus qu'une dictature de
l'être, les ressources de l'âme épuisées au dépassement de ses propres
limites, mourir, il faut mourir, il n'y a bien plus que la mort comme repos.
Ultime Espoir? Dépassement, passage, tant de mots. Le souhait de
mourir, c'est abandonner sa mémoire. Abandonner son être qui refuse. Je refuse. Je refuse.
Non, ce ne sont pas des désirs. Ce sont des inputs. Des inputs venus de l'extérieur
pour combler un vide qui ne cesse de s'accroître. Nous sommes en mode automatiques, mais un trouble, un
remords, un problème ronge toute la belle machine.
Cracher à un miroir, c'est encore vivre. Ne plus regarder son miroir,
c'est déjà être mort. Mais quels miroirs déformants? Qui fait encore confiance à un miroir?
Ecrire, encore, dans l'espoir d'être libéré par la prière adressée au
papier. - SOIS? c'est bien trop. AIE? c'est encore supportable. PARAIS! Ca,
c'est bon. Mais si l'homme est blessé, il refuse alors la société du paraître. En conséquence, ne pouvant partager les choses, il refuse de les avoir. Enfin, il ne
peut plus ÊTRE, car ÊTRE se définit par tout ce superflu disparu qui aurait dû se greffer
par-dessus cet état inanimé. Il n'y a pas d'être sans le reste. Il n'y
pas d'ÊTRE sans tout cela dont on se débarrasse, lorsque la vie fait
trop souffrir.
Souffrir.Un être qui souffre. Sans cesse. Un être qui va souffrir. Un être qui
a souffert. Un être qui ne souffre plus que quand il oublie de le
faire. L'oubli. L'oubli de souffrir pour que la souffrance, encore une
fois, revienne, forte, destructrice, sans pitié. C'est notre souhait ?!
DÉTRUIRE. Détruire la source de nos souffrances, c'est à dire le tout,
avant que notre souffrance ne se charge elle-même de le détruire.
DÉTRUIRE. Pour libérer son être condamné. Il faut détruire.
DÉTRUIRE. DÉTRUIRE. Non. Ne pas comprendre. Arrêter de comprendre,
arrêter de tuer les sentiments pour meiux se comprendre. La
psychanalyse est la raison, la raison tue le cerveau, l'âme, le
cerveau, les envies, car la RAISON NE TROUVE RIEN.
D'ÊTRUIRE. Ses amis, son être, ses exigences, ses devoirs, ses
besoins, ses rêves et ses connivences. La renaissance arrive bientôt.
Derrière les ruines, quelque part, elle se cache. Nous la cherchons.
Cherchons. Cherchons, sans la regarder. Sans la chercher. Chercher la
renaissance, c'est la tuer. La renaissance ne doit pas se voir. Ne
doit pas se visualiser. Pas de concept. Pas d'idée. La renaissance doit
ÊTRE de la DESTRUCTION. Venir. Venir. Venir du néant. La PENSER, C'EST
la TUER. Elle est notre inconscient. Notre envie de vivre, précise,
brutale. Sans atours, sans maquillage, sans fard ni décor. LA
RENAISSANCE, C'EST LA MORT.
PEUR. peur.
PEUR. Parfois peur de
la mort. Il y a des zombies qui ne reviennent jamais. Mais elle est
nous. Nous sommes elle. Nous ne sommes rien. RIEN. ÊTRE est un poids
trop grand. Nous sommes un prophète. C'est notre emploi. Annoncer.
Incarner les différentes possibilités de l'homme. Sans jamais être
rien. NON, nous ne sommes pas des acteurs. Les acteurs ont un rôle à
jouer dans la société. Nous ne sommes pas cette société. Nous n'avons
pas de poste, pas d'utilité autre que celle de vivre, d'exprimer vos
peurs, vos angoisses, vos envies, vos rêves, votre être. Nous vous
annonçons vous-même, nous sommes votre annonciateur, le prophète de
votre propre religion: l'humain.
Nous ne sommes que des machines parfaites, faites pour sentir,
ressentir, aspirer vos émotions. Notre talent n'a pas de mesure et
nous ne savons pas notre hiérarchie. Nous sommes, avant que d'être.
Parmi les artistes, nous cherchons en vain une place. Erreur. Erreur.
Les artistes ne sont pas un groupe. "LES ARTISTES" N'EXISTE PAS. Ce
sont des individus qui s'expriment. Entre eux, pas de rapports
privilégiés. Pas de guildes, SEUL un ressentiment de la terre. Ils
sentent, ils expriment. Ils se positionnent. Mais ils n'ont pas de
place. Vain leur effort pour être en famille. Vain leur effort pour
être une caste. Ils n'existent que parce que seuls face au monde, nus,
livrés au vide pour mieux montrer au monde son trop plein. Face à la
feuille, face au clavier, à l'instrument, L'artiste est seul. Doit
être seul. Ne peut être que seul. Il ne peut pas être UN artiste, parmi
d'AUTRES. Devant la feuille, plus que L'artiste. Plus que soi, et le
vide, et la création.
L'artiste s'inspire de l'autre artiste. C'est vrai. Mais pour devenir
soi. Pour ÊTRE L'ARTISTE, il DOIT redevenir SEUL. L'artise aspire à
être, à lui seul, toute l'humanité.
C'est pourquoi l'artise s'en nourrit. S'en nourri. S'en nourrit.
Jusqu'à ne plus être QUE le vide. La substance de l'humain. Trou que
l'on cherche à combler, dans une bataille perdue d'avance, mais qui
aboutit à l'OEUVRE.
Le problème des bonnes amies avec qui on partage tout, c'est qu'on peut en tomber amoureux, et si c'est pas réciproque, ça fait mal. Aïe. Les cas où l'on ne sait pas si l'autre est intéressé ou pas sont bien les pires, car on attend en se rongeant les sangs que les choses évoluent sans pouvoir se décider sur la conduite à tenir - argh je tente le coup et notre amitié se déchire ou - argh je ne tente pas le coup et j'espère l'oublier un jour ou l'autre, mais c'est foireux.
Il faudrait pouvoir mener sa petite enquête pour savoir si gnagnagna et aviser ensuite, malheureusement, je ne suis pas une fille. DONC, une seule méthode: foncer tout droit et voir ce qui se passe. Subtil, n'est-ce pas?
Ce qui différencie le bon texte de la simple expression, c'est celui qui s'élève au-delà de sa simple condition. Par l'humour, par la finesse de son texte, par les images qu'il projette ou tout simplement par sa représentativité. Une fois conscient de ce qui différencie un bon texte d'un mauvais (sans parler des chefs-d'oeuvres), il devient bien sûr difficile de publier n'importe quoi. Ce qui nuit un peu au besoin d'expression.
Je m'explique: Vous avez besoin d'en lâcher quelques tonnes de guimauve sur votre amour difficile en ce moment argharghargh, et bien non, vous ne pouvez pas, parce que, conscience professionnelle oblige, faut pas écrire n'importe quoi. Mais tu tues la spontanéité, vous me direz. Moui. Mais tout le monde ne peut pas s'appeler Rimbaud et pondre des chefs-d'oeuvre au quart d'heure.
Bon, d'accord, peut-être que j'ai juste trop honte de laver mon linge sale en public, héhé... mais c'est pas plus mal.
Chère Mme Claire Müller, Cher M. Xavier Gouvert, j'avoue que vous me manquez.
Il souffle un petit vent de nostalgie sur le couloir du deuxième étage lorsque je passe devant la cage de verre où vous vaquiez autrefois. La queue de cheval un peu flamande qui me renvoyait des images de chansons de Brel pendait dans votre dos, Mlle Claire, qu'on apercevait depuis la porte. Plus loin était M. Xavier, que je voyais toujours de profil, avec la veste impeccable de son complet balancée sur sa chaise.
Vous étiez jeunes, vous aviez eu des illusions, vous ne les aviez pas encore toutes perdues et vous aviez un tempérament à faire souffler des tempêtes dans notre petit pays de lacs plats. Tout était, chez vous, mordant: l'humour d'abord et puis les souvenirs et puis, une certaine tension, quelques envies un peu grandioses qui vous donnaient parfois des regrets.
Vous étiez d'origines luxes et bourgeoises. Vous étiez humanistes, nous étions de gauche. L'une pour le droit des êtres, l'autre pour le droit des langues. Et vice-et-versa. J'aurais presque embrassé la linguistique pour amour de l'un et, doté de quelques années supplémentaires, j'aurais bien embarqué l'autre dans un rendez-vous incertain.
Je doute pouvoir rendre justice aux bouffées mélancoliques que je fume à la cigarette mouillée de ma mémoire, sur le parvis de notre morne bâtiment. Que les études sont sèches sans vous.
Osamu Tezuka - Say Hello to Black Jack
Légende du manga, Osamu Tezuka, a surtout écrit Phénix et Bouddha qui bénéficient d'un souffle épique unique. Cependant, Black jack vaut également le détour, ne serait-ce que pour rencontrer l'une des séries plus classique de Tezuka. (et l'un des premiers succès du genre médical :) )
L'approche d'une jouvencelle est exercice
Risqué pour celui qui n'aime le long effort.
Si son bagage d'émotion et de transports
Ou de vanité est trop lourd et supplice
l'endurance de son muscle existentiel
Il vacille, il ne se tient pas, il lâche
Tout son fardeau sur les pieds de la belle.
Là. Il la fuit comme le mouton la cravache
Pour mieux se livrer à ses amis de conseil:
"Pour approcher sa proie, le loup n'a pas pareil.
Déguisé en mouton qui fait mine de paître
Il enfoui ses désirs avides, carnivores,
Sous de moroses ruminement herbivores.
Il endort la méfiance de la brebis et
Attaque! Sans pitié! Comme le lion le fait!"
A l'écoute de ces admirables paroles
Le jouvenceau qui vient de naître s'espagnole
Et concrétise la manoeuvre criminelle;
Pendant ce temps sous sa peau d'agnelle
Une louve attend son repas.